Jean Labellie artiste peintre en Pays catalan
Jean Labellie est décédé le 29 novembre 2021 à l'âge de 101 ans. Le peintre originaire du Cantal s'était installé avec son épouse Jeanne, à Eus dans les Pyrénées-Orientales dans les années 70. C'est là, face au Canigou qu'il découvre l'olivier dont il extrait des essences graphiques inédites.
Jean Labellie se confie et raconte son évolution artistique devant la caméra en octobre 2001, quelques jours avant sa première grande exposition en Roussillon...
Jean Labellie lors de son exposition Mai 2001 à Perpignan © A Sabatier
"C’est assez miraculeux et magique à la fois. C’est que, quand quelque chose se passe, quelqu’un me tient la main quelqu’un dessine à ma place. Ce que je fais ce n’est pas moi qui le fais. Et le résultat ce n’est pas moi qui donne le résultat. C’est ce qui m’est venu et qui n’est pas l’inspiration. C’est un moment absolument magique. C’est indicible, je ne peux pas l’expliquer. Je le ressens et je suis incapable de dire ce qui se passe" lance Jean Labellie avec un regard malicieux. C'est ainsi qu'il entame notre conversation devant la caméra.
Les yeux pétillants de ce jeune homme de 81 ans illuminent l’écran. Jean Labellie dévore encore et toujours la vie avec autant d'envie.
Sa longue vie commence le 18 juin 1920 au Rouget à une trentaine de kilomètres d’Aurillac. Dès l'enfance, le petit Jean aime dessiner, peindre. Adolescent, il réalise ses premières toiles.
Henri Mondor, un ami de la famille, l'encourage et lui conseille de s'installer à Paris. Grâce à lui , Jean Labellie intègre l'École nationale supérieure des Arts Décoratifs.
François Desnoyer est l'un de ses professeurs. Le jeune homme étudie l'Histoire de l’Art, les techniques picturales, passe du temps à copier les classiques au musée du Louvre. Il dessine beaucoup...peint son environnement parisien.
Durant l'occupation allemande, il rejoint le maquis dans le Cantal en pleine forêt. Il s'imprègne de ce monde végétal pour esquisser déjà ce qui deviendra plus tard son "pays vert ".
Après guerre, retour à Paris. Tout en donnant des cours, Jean Labellie voyage, travaille. Portraits, natures mortes et paysages réalistes. Il fréquente alors le cercle des peintres parisiens qui va le guider vers l'abstraction.
Dès 1949, il réalise également ses premiers cartons pour les lissiers des Gobelins puis pour ceux d'Aubusson. Jusqu’en 1975, trente-cinq tapisseries seront tissées à partir de ses oeuvres.
L'amour de sa vie
En 1960, Jean rencontre Jeanne de dix-sept ans sa cadette. L'amour de sa vie devient sa compagne, sa muse, sa force créatrice. Cette même année, il expose seul pour la première fois dans une galerie parisienne.
Parallèlement, on lui demande de dessiner une oeuvre qui lui tient à coeur : les vitraux de l'église du Rouget que les maîtres-verriers installent en 1963. Puis ce sont les vitraux de l'église de Cayrol à quatre kilomètres de là. S'en suivent ceux des églises de Roannes-Saint-Mary et Giou-de-Mamou, toujours dans le Cantal natal de l'artiste.
Le châtaignier et l'olivier
Dès 1963, Jean Labellie entame une importante série qu'il intitule "Le pays vert" : grandes toiles monochromes inspirées par le châtaignier. Il travaille sur ce même thème jusqu'en 1970 date à laquelle il découvre la lumière du pays catalan à Eus tout près de Prades dans les Pyrénées-Orientales.
Jeanne et lui y séjournent chaque été avant de s'y installer définitivement en 1976 tout en gardant leur petit pied-à-terre dans le 5e arrondissement à Paris. En 2014, le couple se marie devant le maire de leur commune d’adoption.
Face au massif du Canigou, l’artiste découvre une nouvelle source d'inspiration : l’olivier. « Pendant trois ans, Jean s’est mis à observer les formes tortueuses du tronc » nous confie aujourd’hui Jeanne. « Il en faisait principalement des croquis puis il est passé aux rameaux et aux feuilles ». Ces feuilles avec lesquelles il concocte un langage graphique inédit. Il nous l’explique en détails, crayon en main, devant la caméra.
Jean Labellie dans son atelier à Eus en 2001
Du végétal au minéral
Jean Labellie n'en reste pas seulement à l'évocation du végétal. Pour lui qui arpente les ruelles pentues de son petit village, il n'y a qu'un pas. Il passe du vivant à l'inerte avec ses « carrers », ses "chemins de galets". Une période durant laquelle son trait s'épure peu à peu jusqu’à ses "Cosmogonies". L'abstraction dans tous ses états pour atteindre le sacré avec le mot OUI. Trois lettres dont il s’inspire pour graver les quatorze tableaux du chemin de croix de l'église du Rouget. Là aussi Jean nous livre sa démarche devant l’objectif.
Une oeuvre impressionnante
Jean Labellie décède chez lui à Eus, le 29 novembre 2021. Il laisse derrière lui une oeuvre importante. Plus de 1000 tableaux et dessins répertoriés par Marie-Hélène Solère. Cette docteur en Histoire de l’Art a entamé cet inventaire en décembre 2022. Prochainement, elle entreprend l’étude des années 50/70, période d’abstraction lyrique et poétique du peintre. Un ouvrage sera édité à l’issue de ce travail.
Perpétuer l’oeuvre de Jean Labellie
En 2012, l’association « Les Amis de Jean Labellie » s’est créée. Son but : conserver, promouvoir l’oeuvre de Jean Labellie et la faire reconnaitre dans le monde de l’art contemporain en France. De son coté, Jeanne découvre des oeuvres encore méconnues à ses yeux.
En 2022, c’est « La nuit du marinier » une toile entreposée dans les réserves du musée du Havre. Ce tableau avait été acheté en 1954. Depuis le 31 octobre 2023, il est remis en lumière parmi les oeuvres de Fernand Léger et d’André Masson entre autres, pour une exposition exceptionnelle intitulée « Itinéraires abstraits ».
Un bel hommage ! À visiter jusqu’au 31 mars 2024 au MuMa, musée d’art moderne André Malraux du Havre.
Liens externes http://jeanlabellie.com/home/accueil/
Association « Les Amis de Jean Labellie »
3, rue Elie Delcros 66000 Perpignan
lesamisdejeanlabellie@gmail.com
Alain Sabatier, Novembre 2023
Jean Labellie n'en reste pas seulement à l'évocation du végétal. Pour lui qui arpente les ruelles pentues de son petit village, il n'y a qu'un pas. Il passe du vivant à l'inerte avec ses « carrers », ses "chemins de galets". Une période durant laquelle son trait s'épure peu à peu jusqu’à ses "Cosmogonies". L'abstraction dans tous ses états pour atteindre le sacré avec le mot OUI. Trois lettres dont il s’inspire pour graver les quatorze tableaux du chemin de croix de l'église du Rouget. Là aussi Jean nous livre sa démarche devant l’objectif.
Une oeuvre impressionnante
Jean Labellie décède chez lui à Eus, le 29 novembre 2021. Il laisse derrière lui une oeuvre importante. Plus de 1000 tableaux et dessins répertoriés par Marie-Hélène Solère. Cette docteur en Histoire de l’Art a entamé cet inventaire en décembre 2022. Prochainement, elle entreprend l’étude des années 50/70, période d’abstraction lyrique et poétique du peintre. Un ouvrage sera édité à l’issue de ce travail.
Perpétuer l’oeuvre de Jean Labellie
En 2012, l’association « Les Amis de Jean Labellie » s’est créée. Son but : conserver, promouvoir l’oeuvre de Jean Labellie et la faire reconnaitre dans le monde de l’art contemporain en France. De son coté, Jeanne découvre des oeuvres encore méconnues à ses yeux.
En 2022, c’est « La nuit du marinier » une toile entreposée dans les réserves du musée du Havre. Ce tableau avait été acheté en 1954. Depuis le 31 octobre 2023, il est remis en lumière parmi les oeuvres de Fernand Léger et d’André Masson entre autres, pour une exposition exceptionnelle intitulée « Itinéraires abstraits ».
Un bel hommage ! À visiter jusqu’au 31 mars 2024 au MuMa, musée d’art moderne André Malraux du Havre.
Liens externes http://jeanlabellie.com/home/accueil/
Association « Les Amis de Jean Labellie »
3, rue Elie Delcros 66000 Perpignan
lesamisdejeanlabellie@gmail.com
Alain Sabatier, Novembre 2023