De Port-au-Prince à Port-Vendres

Elle vit aujourd'hui à Port-Vendres, Gracieuse Beaulieu Paget-Blanc raconte l'histoire de sa vie à travers un livre " Je suis née Beaulieu". Son enfance à Haïti, ses études de psychologie à New York  jusqu'aux liens avec le pays catalan après la rencontre d'Eric qui deviendra son mari. Elle s'est confiée à son ami, Pierre Leberger.

Gracieuse Paget-Blanc née Beaulieu chez elle à Port-Vendres

© cnoté, 2024   

Pierre Leberger, le 2 novembre 2025
Cela se passait au mois d’août 2024. Il y avait dans la salle beaucoup de visages connus venus assister à la présentation du livre de Gracieuse Beaulieu Paget-Blanc.
Le titre de l’ouvrage ? "Je suis née BEAULIEU: ma famille et moi"
Avant ce rendez-vous avec le public, j’avais rencontré Gracieuse à deux reprises pour mettre au point notre stratégie de communication. Le jeu des questions-réponses nous sembla le mieux adapté. Je m’y sentais à l’aise. Nous l’adoptâmes.


Un devoir de mémoire

Gracieuse me précisa avant tout que c’était Natacha, une de ses trois filles, qui avait été le déclencheur de cette aventure littéraire, cette recherche historique des liens familiaux et de leurs racines. « Maman, j’aimerais que tu retraces la vie de ta famille Haïtienne, pour mieux comprendre mon histoire et mieux la raconter. En me demandant cela, elle m’a donné des ailes pour effectuer ce travail de mémoire » me livra-t-elle. « Sans son insistance je n’aurais jamais rédigé cet ouvrage »

Ainsi devait voir le jour cet ouvrage de 460 pages et douze têtes de chapitre, agrémenté de fort belles photos en noir et blanc, celles de rassemblements familiaux dans des circonstances heureuses, des photos de portraits aussi, en grands nombre.

On aurait presque envie, après avoir lu cet ouvrage, d’en modifier le titre, d’utiliser volontairement le pluriel pour le mot famille et de dire : « Je suis née Beaulieu : mes deux familles et moi », tant il est vrai qu’une place prépondérante est donnée aussi bien à la famille de sang, la famille haïtienne, qu’à la famille issue d’un mariage heureux, la famille française, celle d’Eric Paget Blanc.

Gracieuse parla de prime abord à son public du sens que le lecteur devait donner à tous ces témoignages émaillant son ouvrage. Des témoignages d’amour mais aussi de douleurs, de trahisons, de deuils, dans cette famille haïtienne vivant à Port-au-Prince. Une famille où elle avait grandi avec ses quatre frères et sœurs.
« Des témoignages qui mettent l’accent sur la force des valeurs familiales qui surmonte, quoi qu’il arrive, toutes les difficultés de la vie, qui les surmonte contre vents et marais... »   
                                     

Gracieuse Paget-Blanc parle de ses parents
Toutes les évocations des personnages sont inattendues, originales et souvent émouvantes : parents, grands-parents, frères et sœurs... Mais il en est une qui se détache par sa complexité.
Celle de la tante Armide Beaulieu qui accueillera Gracieuse aux États -Unis.  
Le père de gracieuse aura, lui aussi, une place à part. 
Exubérant, enthousiaste, chaleureux, c’était un homme qui respirait la joie de vivre et fut émerveillé par tout ce qu’il découvrit lors de son premier voyage en France. Cela se passait après le décès de son épouse.
Mais cette ouverture vers ce nouveau monde, au lieu de lui redonner une envie de vivre retrouvée, l’enfonça petit à petit dans une sorte de dépression jusqu’à en mourir. 
Pourquoi ce renoncement, Gracieuse ? Cette capitulation devant cette tranche de vie qui lui restait à vivre ? "Difficile de répondre" nous avoua-t-elle.

Gracieuse parle du premier voyage de son père à Port-Vendres
Le livre aborde également par petites touches la période de la dictature Duvalier qui a profondément modifié le comportement social des haïtiens et celui de la famille de Gracieuse.
« Mon enfance et ma jeunesse ont été imprégnées de ce que les intellectuels appelaient l’oligarchie, celle de la famille Duvalier. Les Tontons-Macoutes, vous en avez entendu parler ? Tout le monde les redoutait... » 
Puis il y eut le regard de la jeune étudiante haïtienne vers un nouveau monde où tout paraissait merveilleux et tellement différent: les États-Unis où elle put commencer ses études en psychologie.
Un master puis un doctorat viendront couronner un parcours universitaire sans faute même si les thérapies avec les premiers patients ne furent pas des plus faciles. 

 

La rencontre qui changea sa vie

Le bal du 14 juillet à Paris en 1989 tient une place à part dans l’ouvrage. Le destin de Gracieuse devait s’y jouer. Elle y rencontrera Eric qui deviendra son mari.
Trois filles, Emmanuelle, Alexandra et Natacha, naîtront d’un mariage heureux célébré un an plus tard à New York à la mairie de Manhattan en 1990. 
C’est entre New-York et Paris que la vie de la famille sera partagée.
    
Viendra ensuite l’intégration au sein de la famille française, celle de l’époux, avec la tante Annie qui restera très proche et que tous les Port-Vendrais ont bien connue. "Ce furent des moments très heureux" nous confie Gracieuse.
Au fil du récit, l’importance de la religion dans cette société haïtienne est frappante. Catéchisme, école privée catholique, Sainte Thérése de l’Enfant Jésus : des mots qui reviennent souvent...Et cette tante Armide très pieuse. Un des chapitres de ce livre ne s’intitule t-il pas : la course au catéchisme ?

2018 : la chute accidentelle d’une rare gravité où tu as crû mourir Gracieuse. Une opération, de longues semaines d’hôpital. À travers cette épreuve, le soutien de la famille n’a jamais été aussi fort, nous confieras-tu, la qualité des soins à l’hôpital Rothschild aussi exceptionnelle.
De ce handicap momentané, tu en es sortie grandie et plus forte encore.
Ne l’oublions pas : c’est en 2010 que tu as créé une association : «  Élan pour Haïti », une société agricole spécialisée dans la riziculture. 
Nous nous sommes demandés comment ces belles initiatives pouvaient encore survivre au milieu du grand désordre, du chaos et de la grande criminalité que vit la société haïtienne et qui perdurent encore aujourd’hui.
Tu as longuement soupiré comme pour nous dire que tout était à réécrire et à recommencer dans cette misérable société en totale décomposition. 


 

Présentation du livre de Gracieuse Beaulieu Paget-Blanc à la capitainerie de Port-Vendres le 31 août 2024

Emmanuelle, Alexandra et Natacha, les trois filles de Gracieuse et Eric Paget-Blanc
Repas en famille à Haïti
 
Eric Paget-Blanc et ses trois filles

Fondée en 2010, "Elan pour Haïti" est une association loi 1901 à vocation sociale et humanitaire. Son but: l’intégration des Haïtiens en situation de migration en France  et au développement d’Haïti. L'association développe malgré les difficultés, la culture du riz dans la région de l'Artibonite au Nord de Port-au-Prince.

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